Lettre pour Thoronalag

Bilichilde

Sous la pression des mains d'Ettan sur ses épaules, Bili finit enfin par s'asseoir. Et, pour accéder à sa demande, elle essaya de remettre ses idées en ordre pour lui raconter l'histoire.

Ca a commencé ce matin, quand il est arrivé ! Non... Hier... Ca a commencé hier ! On était dans une taverne, et il m'a dit que... Non, attends, tu vas rien comprendre là...

Fronçant les sourcils, elle essayait de retrouver par où l'histoire avait commencé. Chez elle, la taverne, la clairière, la lettre ! C'était ça, la lettre !

Oui, c'est ça, la lettre ! Hier, j'ai trouvé une lettre chez moi. C'était un ami de Thoronalag qui m'écrivait et... Il voulait le voir. Alors, j'y suis allé, il donnait rendez-vous dans la clairière. Je savais pas qui il était, il était vieux, il me faisait peur. Et il m'a dit que Natascha voulait me tuer, et que c'est elle qui avait poussé Thoro à se suicider. Et que j'étais en danger, et...

Et après, il est venu chez moi, et il était plus vieux, et maintenant il est à la maison, et il me prépare à manger.

Se levant d'un bond, Bili venait de réaliser qu'elle avait un invité chez elle, et qu'elle l'avait laissé seul, qu'en plus, c'est lui qui s'occupait de tout.

Il est chez moi, tout seul, et moi je suis là, à discuter... Faut que j'y aille ! Il doit s'inquièter !

Ettan

Ettan rattrapa Bili par le bras avant qu'elle ne se sauve, décidément elle ne tenait pas en place

Attends ! attends explique moi, tu as recue une lettre d'un ami de Thoro qui t'as expliqué tout ca ? et d'abord, tu as été seul a ce rendez vous alors que tu ne le connaissait meme pas ? et tu l'as invité chez toi ? par dessus tout tu l'y laisses seul ?

Elle regarda Bili droit dnas les yeux inquiete

Mais tu es devenue inconsciente Bili non ? Rencontrer un homme seule, tu ne sais meme pas qui il est ! Qui sait ce qu'il aurait pu te faire ! tu as bien de la chance d'etre encore en vie ! ca aurait pu etre un piege ! et qui te dis qu'a l'heure qu'il est il n'est pas en train de retourner ta maison pour trouver des papiers ou je ne sais quoi ? Et puis qu'est ce que c'est que cette histoire qu'il soit vieux et jeune apres ? C'est impossible ...

Ecoute, on devais attendre que Vik rentre, il viendra avec nous, mais je ne veux pas te laisser y retourner seule, ca peut etre trop dangereux Bili ..

Bilichilde

Comme une enfant prise en faute, Bili écouta Ettan sans rien dire. Bien sûr qu'elle avait exagéré d'aller à ce rendez vous seule, de le ramener chez elle, et de l'y laisser seul, bien sûr !... Mais sans savoir dire pourquoi, elle pensait pouvoir lui faire confiance.

Fatiguée par tous les sentiments forts, et contradictoires qui l'assaillaient depuis la veille, elle se mit à pleurer.

Tu crois qu'il fouille dans mes affaires ? Tu... Tu crois qu'il me ment ? Non, non ! C'est pas possible Ettan, c'est pas possible !... En plus...

Essuyant les larmes qui lui coulaient sur le visage, la jeune femme prit une profonde inspiration pour se donner du courage. Et, c'est en rougissant un peu plus qu'elle avoua à son amie :

En plus... Je crois qu'il... Je crois qu'il a voulu... M'embrasser...

Ettan

Et voila que Bili s'etait mise a pleurer ! Ettan avait toujours été trop réactive dans ses réponses et questions ... elle s'en voulait maintenant, apres tout elle ne le connassait pas cet homme. Il était peut etre tout a fait charmant, et puis, si Bili l'avait laissé chez elle comme ca, et l'avait meme invité a manger, c'est qu'il ne devait pas etre si terrible qu'elle l'avait laissé supposé.

viens Bili, viens ...

Ettan prit son amie dans ses bras pour qu'elle pleurait contre son épaule. Visiblement elle avait acumulé trop de tension ces derniers jours, elle n'y avait pas été si fort que ca tout de meme ! et Bili tenait plus le choque d'habitude. Tout du moins elle avait l'habitude.

Non, non bien sur que non, je suis sur qu'il ne t'as pas menti. Je suis sûre qu'il est tout a fait gentil, de toute facon il ne t'aurais pas laissé partir sinon, tu aurais pu donner l'alarme a n'importe qui.

Elle bercait doucement bili contre elle en réfléchissant à toute vitesse. Il fallait rester méfiant tout de meme. Un ami de Thoro qui apparaissait apres tant de temps ? Si longtemps apres sa mort .... c'etait tout de meme louche. Et pourquoi Thoro e leur avait il pas parlé de cet ami aant .. quand il était encore là ... elle l'avait bien connu Thoro, c'etait un homme merveilleux, alors pourquoi ne connaissaient-elle pas cette homme ni l'une ni l'autre ? Leur avait il caché des choses ?

Bili repris la parole en chuchotant, presque sur le ton d'une confidence :" En plus... Je crois qu'il... Je crois qu'il a voulu... M'embrasser..."

Ettan rit, c'etait donc pour ca qu'elle était toute excitée en arivant ! sacré Bili, elle ne changerait jamais. Doucment elle remis une meche de cheveux de son amie en place, elle était toute rouge la pauvre, elle devait etre completement perdue dans se sentiments et ettan la comprenait.

Ecoutes moi bili, dit elle sur un ton plus doux qu'auparavent, je vais te donner un verre d'eau, et tu vas te calmer. Il n'y a rien de bien grave visiblement, mais je préfererais que tu ne rentres pas seule chez toi. On ne sait jamais. Si tu veux je viens avec toi, ou si tu préferes quelqu'un d'autre d'accord, mais s'il te plait ne rentre pas seule. Et la prochaine fois qu'on te donne rendez vous comme ca, de quelqu'un que tu ne connais meme pas, s'il te plait, n'y va pas seul non plus.

Bilichilde

Tu as raison, tu as raison...

S'asseyant, elle se mit à réfléchir. Ettan avait peut être vu juste. Il venait de nul part, essayait coûte que coûte d'obtenir sa confiance... Disait qu'il la protégeait, mais la laissait aller seule à la première occasion venue... Etrange !...

D'accord, je ne rentre pas à la maison toute seule. Mais il faut que je rentre. Tu viens avec moi ?

Sans même attendre la réponse de son amie, de peur qu'elle ne la retienne plus longtemps, Bili se leva, et sortit, sachant très bien qu'elle allait la suivre dans tous les cas.

Ettan

Décidément Bili ne tenait pas en place ! elle venait tout juste de finir de lui parler qu'elle était deja repartie pour retourner chez elle ! Etait il si pressé de le revoir ? Mais que s'etait il passé pendant ces deux jours ? Jetant un coup d'oeil plein d'espoir vers la porte pour lui poser encore des question, Ettan s'appercue que Bili avait disparue.

Elle ne pouvait pas la laisser filer seule, savait on qui était cet homme ! Laissant échapper un grognement elle attrapa sa cape malgré le beau temps, hésita à prendre un couteau ou n'importe quoi qui pu servir d'armes mais songea qu'apres tout si Bili lui faisait confiance, pourquoi pas elle. Et puis, il serait toujours temps d'improviser.

Apres avoir claqué la porte elle se tourna vers le chemin, pas de trace de son amie. Elle avait filé sacrméent vite ! il fallait la rattraper avant qu'elle n'arrive. Ettan se mit donc à courir pour la rejoindre non sans crier avant un :

Bili attends !

Bilichilde

Après quelques pas de course, Bili ralentit son allure, épuisée. Juste au bon moment pour entendre Ettan l'appeler. Ainsi, elle avait bien raison, son amie la suivait, comme elle le pensait. Alors, elle attendit qu'elle arrive à sa hauteur pour repartir aussitôt.

Merci de venir avec moi, au moins comme ça tu pourras me dire... tu pourras me dire ce que tu penses de lui.

Essoufflées, elles arrivèrent devant le portail de la maison. Bili tendit l'oreille quelques secondes, mais n'entendit rien de suspect. Alors elle s'avança vers la porte de la maison, se retourna vers Ettan pour lui dire quelques mots, et ouvrit la porte avec fracas.

Et là, devant la scène qui s'offrait à elle, elle se mit à rire. Nimedhel était là, bien là, il n'était pas parti. Et il n'avait rien fait de mal, le pauvre, il dormait ! Il avait fait à manger, et il dormait, pendant qu'elles, elles imaginaient tout et n'importe quoi sur son compte !... Nerveusement, Bili riait et riait encore, honteuse d'avoir pu croire ce que lui avait dit Ettan.

Tu vois ! Tu vois ! Il n'est pas méchant ! J'avais raison !

Nimedhel

Elle était là, dans la cuisine, elle l'attendait. Elle était belle, dans cette robe...magnifique. La femme parfaite, dans tous les sens du terme. Il s'approcha d'elle, il l'embrassa...ses main courraient sur son corp...leurs bouches étaient en feu, leurs coeur, leur têtes étaient mélés, il ne faisait qu'un...

Bilichilde...

Soudain il entendit un grand bruit et ouvrit les yeux

Hein...??! Oh pardon !!! Bonsoir mademoiselle..enchanté...Bilichilde...euh...ça va ?? vous allez bien...

le repas...brulé...oh !! excusez-moi euh...enfin...

Ettan

Ettan ne put s'empecher de rire en voyant l'homme d'aspect plutot sympathique qui dormait en grognant un peu quelque secondes plus tot, maintenant sursauter et avoir l'air completement désapointé.

bonsoir monsieur ...

Il fila aussi soudainement qu'il s'etait reveillé vers la cuisine, d'où provenait effectivement une legere odeur de brulé. Le regardant s'affairer, Ettan tenta de le percer à jour, restée méfiante elle voulait savoir s'il mentait ou avait été franc avec son amie. Plus elle l'observait, plus elle trouvait qu'il n'avait pas l'air bien méchant finalement, un briguand aurait il l'air si inquiet de laisser bruler le repas qu'il avait si galament préparé pour une dame ?

Bili déja à ses cotés partait le rejoindre et l'aider. Ettan toujours silencieuse entra et referma la porte derriere elle. Voyant leurs manieres a tous les deux, et la facon dont il l'avait regardé a son réveil, Ettan se douta qu'il y avait quelque chose. Bon sang, mais qu'est ce qu'il s'etait passé exactment pendant ces deux jours ? Elle ne douta pas ne jamais rien en savoir. Avec son éternel sourire elle lanca alors :

Je suis désolée d'arriver comme ca, mais Bili m'a invité à manger, j'espere que vous avez préparé une quantité suffisante ! Je ne suis guere douée pour la cuisine, mais ... je peux peut etre mettre la table ?

Nimedhel

Nimedhel essaye de garder son calme, et s'approcha de ses plats pour constater l'étendue des dégats. En fait ce n'était pas si terrible que ça et le repas serait tout à fait mangeable. Il se dépécha donc de retirer tout cela du feu.

Euh...oui, vous me...enfin volontiers...avec plaisir...enchanté...

Se rendant compte qu'il disait n'importe quoi, il entreprit de couper la viande. Il tremblait de tout ses membres.

Euh Bilichilde...cela vous ennuirais de couper la viande pendant que je...

Bilichilde se tourna, et comme à chaque fois qu'il voyait son visage, il se décomposa complétement et ne put plus bouger

Du...de.......ah !!! du vin !!!.....il nous faut du vin....

Il se précipita au dehors vers la cave, rouge de honte

Bilichilde

Qu'il était beau, là, endormi, dans sa cuisine ! Bili aurait pu le regarder pendant des heures... s'il ne s'était pas réveillé aussi brutalement, et s'il n'était pas parti aussi vite à ses fourneaux...

Comme hypnotisée, elle le suivit, prête à lui donner un coup de main pour sauver son repas. Mais comme lui quelques secondes avant, elle fut vite réveillée. Réveillée par son amie qui plus est, et plus violemment encore que lui... A peine Ettan s'était-elle invitée, qu'elle se tourna sur ses talons, lui offrant un regard plein de surprise, qui disait clairement : "Mais euh... Non ! Je ne t'ai pas invitée ! Ettan, je ne me souviens pas de t'avoir invitée, pourquoi tu restes là, pourquoi ? Tu vas pas manger avec nous quand même, hein ? Dis, tu vas pas rester là ! D'abord tu vas t'ennuyer, tu peux pas rester !"

Mais c'est d'une voix un peu moins claire que sa pensée ne l'était (et c'est rien de le dire, que sa pensée était claire !)qu'elle lui répondit, regardant avec désarroi Nimedhel descendre à la cave :

Oui euh... Ben... Mets la table, oui.

Aussitôt, elle se retourna pour couper la viande, en espérant ne pas se couper de nouveau le doigt (celui-là même qui tremblait littéralement en se disant qu'il n'y avait pas chose plus dangereuse que de donner un couteau à cette folle), mais pensant plutôt à la fuite de l'homme, dont elle ne pouvait s'empêcher de se demander comment il la trouvait...

Ettan

Perdant un peu de sa méfiance devant cet homme qui paraissait meme un peu benet au vu de sa réaction, Ettan allait se diriger vers le buffet, et demander à Bili où se trouvait les assiettes et couverts mais elle fut stoppée par celle ci qui lui lancait justement un regard étonné, un regard un peu foudroyant quelque part.

Il était tres clair pour elle qui la connaissait depuis toujours; il voulait clairement dire : "tu n'as pas ta place ici." Bili qui tout a l'heure pleurait, inquiete, et avait voulu qu'elle la suive, changeait soudainement d'attitude devant cet homme, souhaitant presque renvoyer Ettan là d'où elle venait ? Alors ca il n'en était pas question ! Ettan était bien décidée a découvrir le fin mot de toute cette histoire, et vite!

Bon alors, il sont où ces couverts ? ca fait un bon moment que je ne suis pas venue ici moi ! dit elle a Bili d'un ton amusé qui signifiait tres bien qu'elle ne se laisserait pas faire

Apres que Bili lui eu indiquée l'endroit d'un vague signe de la main, elle se mit en devoir de préparer bien la table, sentant que la discussion risquait de ne pas etre aisée. Visiblement, elle n'était pas la bienvenue aujourd'hui, mais quoiqu'il en soit, elle ne partirait pas !

Nimedhel

Nimedhel descendit à la cave et s'assis quelques instants sur un tabouret pour se calmer. Sa réaction était ridicule, il n'avait plus dix ans ! Ce n'était pas la première femme qui l'attirait... en fait si...ou du moin c'était la première fois qu'il était autant troublé par quelqu'un. Il y avait quelque chose dans ses yeux, dans ses mains, enfin n'importe où...il ne savait pas ce que c'était.

Il savait qu'il devrait bien lui avouer un jour qu'il était le frère de Thoronalag, mais comment réagirait-elle ? Même s'il ne la connaissait pas depuis longtemps, la perdre était la chose qu'il craignait le plus. Mais il ne devait pas pour autant oublier la raison pour laquelle il était là. Il devait la protéger et non pas la courtiser !!

Bon reprends -toi bon sang !

Il saisit trois bouteilles de vin jaune et remonta les escaliers. Il entra dans la cuisine. Lorsqu'il croisa le regard de Bilichilde il lui fit un clin d'oeil complice. Il savait.

Il déposa les bouteilles sur la table, en ouvrit un et remplis trois verres

A votre santé mesdemoiselles !!

Bilichilde

"Alors alors... Couper de la viande... C'est pas bien méchant, je devrais pouvoir y arriver..."

"Ne la laissez pas faire ça ! Ne la laissez pas faire ça !" *

"Et pis, couper de la viande, c'est pas grand chose... C'est pas pire que d'avoir Ettan à la maison ! Mais comment m'en débarasser ?.... Jamais je ne pourrais faire ce que je veux si elle est là !..."

"Bande de criminels va ! Me laisser là, comme ça ! Avec une lame à quelques cheveux de mon bel ongle ! Au secours ! A l'aiiiide !"

"Je ne vais quand même pas la virer comme ça, sans raison ! Et puis... Si j'essaye de la mettre dehors, elle va se douter de la raison... Et elle va vouloir rester... Faut que je trouve une idée !..."

Alors, Nimedhel remonta de la cave, trois bonnes bouteilles dans la main.

"Décidément, à peine arrivé, il va me vider la cave lui ! Moi qui n'avait pas osé en prendre une depuis tout ce temps..."

Toute à cette gentille pensée, Bili perçu alors le clin d'oeil de l'homme.

"Oh ! Mais qu'est ce que tu ne vas pas inventer là ma vieille ! On dirait une de ces commères du village, qui se plaignent sans arrêts du bon vieux temps de leur jeunesse !... Bien sûr qu'il a le droit de prendre du vin ! Autant qu'il le veut d'ailleurs ! Et même, il fait ce qu'il veut ici, il a tous les droits ! Alors arrête de râler !... Et puis... le vin... Ettan... Voilà la solution !"

Affublée d'un magnifique sourire, adressant à la fois toute sa reconnaissance à Nimedhel, et la joie d'avoir trouvé un stratagème pour que son amie se fasse oublier, Bili apporta le plat de viande sur la table, sans se soucier du pauvre doigt qui trainait entre le plat et cette même table...

"Ouch ! C'est pas ma journée.... Vivement qu'il s'occupe d'elle qu'elle m'oublie une bonne fois ! J'vous jure, c'est pas facile tous les jours d'être un doigt !..."


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*Ndl : Ce que le doigt déjà entaillé de Bili pense. Quoi ? Un doigt ne pense pas ? Et si je veux qu'il pense moi ? D'abord, ça va plus vite d'écrire "Ce que le doigt déjà entaillé de Bili pense" plutôt que d'écrire "Ce que le doigt déjà entaillé de Bili penserait s'il avait la capacité de penser". Et pis en plus je fais comme je veux, c'est moi qu'écrit ! Na ! Alors ce sera : "Ce que le doigt (déjà entaillé, mais sutout très intelligent) de Bili pense ! Mais je vous vois venir... S'il est intelligent, alors pourquoi se serait-il déjà laissé entailler ?... Eh ben... Parcequ'il n'a pas choisi où il tomberait, et qu'il n'a eu que la malchance de tomber sur cette folle de Bili... Ca vous va j'espère maintenant ?...

Bilichilde

Un mois s'était passé depuis cette soirée, où Ettan avait empêché Bili et Nimedhel de se rapprocher de trop par sa présence.

Depuis, Bili avait fini par réellement se rendre compte de ce que Nimedhel lui avait apprit, et s'était mise à paniquer. Elle n'osait plus sortir de chez elle, et s'était même senti tellement fatiguée à cause de cela qu'elle n'avait pas quitté le lit pendant plusieurs jours. Seule la présence rassurante de Nimedhel l'aidait à ne pas sombrer totalement dans la folie.

Mais, pendant tout ce temps où il avait été aux petits soins avec elle, Bili l'avait trouvé perturbé, comme s'il voulait lui dire quelque chose, mais qu'il n'osait pas. Il se faisait aussi de plus en plus distant, et passait moins souvent chez la jeune femme.

Alors, quand Bili dut partir à Châlon, où elle s'était engagée pour travailler dans les vignes de dame Juliette, c'est le coeur serré, se demandant ce qu'il était devenu, qu'elle referma la porte de la maison, ayant pris soin de laisser un mot sur la table, à l'intention de Nimedhel.

Citation :

Cher Nimedhel,

Je regrette de ne pas vous en avoir parlé plus tôt, mais je dois prendre la route. J'aurai aimé pouvoir la faire avec vous, mais ces derniers jours, vous avez été introuvable. Ainsi, je pars à l'instant, en espérant que vous allez bien...
Ecrivez moi, ma mésange reste ici, elle saura me retrouver. Ecrivez moi, dites moi ce que vous faites, ce que vous apprenez, que ce soit des bonnes ou des mauvaises nouvelles, écrivez moi, ne me laissez pas dans l'ignorance.

A bientôt j'espère,

Bilichilde

Puis, poussant un dernier soupir, son baluchon sur le dos, elle était partie vers le lieu de rendez vous où elle devait retrouver Nicodenver et DeGaulles, avec qui elle allait à Autun.

Bilichilde

Journal de voyage :

Citation :

Autun, dimanche soir.

Voyage agréable, en évitant de parler à DeGaulles, mais heureusement, Nico était là. Et nous sommes bien arrivés à Autun.
Premier jour de travail fatigant, j'ai un peu mal aux doigts. Et cet affreux chef des travaux qui veut qu'on travaille ensemble !... Il va falloir que je trouve une technique pour éviter ça...
Soirée avec Nico bien sympathique, même s'il est parti fâché. J'espère que ce n'était qu'un jeu. J'ai peut être un peu exagéré aussi...
Toujours aucune nouvelle de Nimedhel, j'espère qu'il va bien, qu'il ne lui est rien arrivé...

Bilichilde

Citation :

Autun, lundi soir.

Deuxième jour de travail pareil au premier... Le jeu de la journée est de s'éviter au maximum, sous les regards dépités du chef des travaux.
Encore une autre soirée bizarre avec Nico. Cette fois, c'est moi qui me suis enfuie, fâchée. Mais fâchée contre moi. Quand serais-je capable d'être claire, franche avec les autres, et surtout... franche avec moi-même ?...
Toujours aucune nouvelles de Nimedhel, ça devient vraiment inquiétant. Il me manque je crois... Pourvu qu'il aille bien !

Bilichilde

Citation :

Autun, mercredi matin.

Une nouvelle journée se lève sur Autun. Une dernière journée dans les vignes où la brume commence doucement à se lever. Cette nuit était la meilleure depuis bien longtemps, seule, sous les étoiles. J'en ai presque tout oublié : la présence de DeGaulles pendant ces longues journées de travail, la discussion que je dois avoir avec Nico... Seul un poids m'est resté sur le coeur toute la nuit... L'absence de Nimedhel, qui ne m'a toujours pas donné de nouvelles. J'espère qu'il va bien. Peut être sera-t-il en train de m'attendre, à mon arrivée à Nevers... Je l'espère...

Bilichilde

Citation :

Entre Autun et Nevers, jeudi matin, à l'aube.

La nuit de la veille me paraît loin, bien loin... Cette fois, ce fut la plus mauvaise depuis bien longtemps. J'ai peur d'avoir fait une bêtise. D'avoir perdu un ami, le plus précieux...
Il est parti, je l'ai regardé partir, sans moyens de le retenir. Et je suis restée là, sans bouger, à pleurer. Ou plutôt non, c'est l'inverse. C'est lui qui est resté, moi qui suis partie, suivant mes compagnons sans réfléchir. Juste eu un éclair de lucidité pour mettre une beigne à une folle qui voulait nous prendre nos écus.
Après, j'ai regardé le feu devant moi. Me demandant cent fois si je n'étais pas bonne qu'à m'y jetter. Si c'est pour faire le mal partout où je passe, à quoi bon ?... Mais je ne suis pas toute seule, je ne peux pas laisser mes compagnons de route ici. Il faut que j'aille à Nevers avec eux, et après...

Bilichilde

Citation :

Nevers de bière, seule, vendredi matin tôt.

Arrivée sans encombre à Nevers ce matin, mes compagnons n'ont pas eu à souffrir du trajet.
Toujours aucune nouvelle, ni de Nimedhel, ni de Nico. Je ne sais ce qui m'inquiète le plus... Depuis hier, je réprime une sérieuse envie d'écrire à Nico, de peur qu'il le prenne mal.
Pas envie de rentrer chez moi, de me retrouver seule. Autant être seule ici, au moins, la bière est bonne... et je ne la ferai pas souffir, elle...

Bilichilde

La nuit commençait à tomber, les tavernes se vidaient. Bili avait passé la journée entière à boire les chopes qui se trouvaient devant elle, et à pleurer sur la carte du royaume qu'elle avait étalée devant elle.

Avec son doigt, elle avait dessiné les chemins possibles en deux jours depuis Autun. A supposer que Nico soit parti de la ville le soir même, aujourd'hui, il pouvait être à... douze endroits différents... Essayer de le retrouver devenait ainsi mission impossible. A supposer qu'elle prenne le même chemin que lui (ce qui ne représentait donc qu'une chance sur douze...), elle avait quatre jours de retard sur lui à présent.

Puis, elle avait sorti une petite boîte, qui ne la quittait jamais. Elle l'avait ouverte, et avait regardé son contenu : des parchemins roulés, une plume et un petit encrier. Pendant un long moment, elle était restée figée devant ces objets, se demandant bien quoi écrire. Faire comme si de rien n'était ? Impossible... Et puis... Comment prendrait-il le fait qu'elle lui écrive ? Mal, très certainement...

Finalement, elle avait fini par ranger tout ce qu'elle avait étalé sur la table devant elle, et s'apprêtait à sortir, quand Ettan était entrée. Se jettant dans les bras de son amie, elle s'était remise à pleurer à chaudes larmes.

Ce n'est que bien plus tard, quand la nuit était bien noire, qu'elle était ressortie, quelque peu rassurée par les propos de son amie, qui lui avait affirmé que Nico allait bien, qu'il était sur les routes, mais qu'il n'avait pas eu de soucis. Néanmoins, ça n'allait pas l'empêcher dans les heures à venir d'avoir envie de lui écrire...

Sur le chemin qui menait à sa maison, elle imaginait Nico, à cette heure-ci, peut être seul sur une route de Bourgogne - ou d'ailleurs, encore plus loin... - avec un pincement au coeur. Et Nimedhel ? Où était-il lui ? Peut-être comme Nico, sur les routes...

Arrivée chez elle, elle défit la cape, posa son baluchon à terre, et, attrapant un verre et une bouteille de vin qui était restée sur la table, s'assit. Elle ne se releva que lorsque la bouteille était vide.

Epuisée, n'ayant pas la force de rallumer la bougie qui s'était éteinte, elle tâtonna pour trouver les escaliers qui montaient à la chambre. Après quelques essais de montée de marche, elle finit par trouver le bon rythme, et arriva en haut. Ne prenant pas la peine d'enlever ses vêtements (bah oui, si en plus c'est pour s'empêtrer dedans...), elle se jeta sur son lit.

Mais le matelas avait bien changé... Il n'était pas plat... Passant ses mains dessus, elle chercha ce qu'il pouvait bien y avoir. Soudain la réponse se fit claire à son esprit : un homme !

"Ne pas crier Bili, ne pas crier, partir sans faire de bruit, pour ne pas le réveiller !..."

Essayant de garder son calme, de ne pas penser à toute cette histoire qui ressurgissait soudainement, Bili se remit sur ses pieds, et se mit à courir vers les escaliers, le plus calmement possible.

Aaaaahhhhh ! A moi ! Au secours !!!!

Nimedhel

Nimedhel dormait profondément lorsqu'il entendi un cri dans la chambre, il ouvrit difficilement les yeux et vit une femme qu'il supposait être Bilichilde, descendre les escaliers en criant. Il s'habilla le plus vite qu'il pût, et descendit les escaliers. Il vit Bilichilde qui tournait en rond dans la cuisine en criant.

Il l'attrapa par le bras.

Chut !!! calmez-vous !!! c'est moi, Nimedhel !!

Elle paraissait très choquée, elle ne parlait plus et le regardait avec des yeux bizards. Il la prit dans ses bras, et la porta jusque dans son. Il s'assit à ses côtés.

Calmez vous, ce n'est que moi, désolé de vous avoir fait peur.

Bilichilde

Un blanc.
Un trou, blanc.
Trop d'émotions.
Fortes.
Contradictoires.

Puis, Bili ouvrit les yeux. Enfin, non. Elle n'ouvrit pas les yeux, puisqu'ils l'étaient déjà. Elle se mit à voir, tout simplement.

Et elle vit : un plafond, une fenêtre, un lit, une bougie, un homme.
Alors elle reconnu : son plafond, sa fenêtre, son lit, sa bougie, son homme ?...

Elle crut rêver. C'était Thoronalag ! Cet homme était Thoronalag ! Mais... avec des traits différents. Une bouche un peu plus petite, des yeux un peu moins bleus.

Bili se laissa retomber mollement sur son lit. Ce n'était pas Thoronalag...
Alors elle referma les yeux.
Et souffla :

Qui êtes vous ?... Que faites vous chez moi ?...