Lettre pour Thoronalag

Brom

Les deux jeunes gens revenaient ... la jeune femme semblait passablement rassurée bien qu'elle reste tout près de son mari, ce qui était normal après tout.Il fut tenté de donner un faux nom.. hum ...oui .. il donnerait son nom d'emprunt, comme à tout les autres. Rare étaient ceux qui le connaissaient sous sa véritable identité. Et qu'en avaient-il a faire de toute façon ?

Brom, appelez-moi simplement Brom jeune Damoiselle.

Bon allons-y alors

Brom ouvrit la marche pour retourner au village. Il faisait nuit ... La fête continuait elle la nuit ? Oh oui très surement. Mais qu'avait-il eut encore besoin de traîner dans le coin ? Humfff .. Décidément il n'avait plus toute sa tête. Peut-être arriverait-il à les semer dans quelques heures ... A moins que d'entourloupe en entourloupe il réussisse à savoir ce qu'il leur était arrivé. Peut-être y aurait il un intéret quelconque à les suivre .. plus ... discretement cette fois-ci.

Nimedhel

Ils se mirent donc en marche. Nimedhel ne quittait pas Bilichilde des yeux, si ce n'était pour surveiller cet homme. Plus il y réfléchissait, plus il trouvait cet homme étrange, et plus il avait l'impression qu'il avait fait une erreur.

Mais après tout que pouvait-il faire, ils étaient à Nevers, entourés de maisons et bientôt ils seraient sur la place du village, bondée. Mais après tout, Thoronalag c'était bien fait agressé en pleine journée dans les rues de Nevers. Il devait donc être vigilent, plus que jamais.

La question de Bilichilde le tira des ses reflexions et l'amusa. Il la gratifia d'un grand sourire.

Je ne sais pas, excellente question...mais...pourquoi cette question au fait ?

Bilichilde

Brom ? Jamais entendu ce nom... Venait-il d'arriver à Nevers ? Etait-il un simple voyageur ? Bili n'en savait foutre rien. D'autant qu'elle n'était plus trop au courant des potins du village depuis un moment.

Quoiqu'il en soit, elle les suivit, refermant soigneusement la maison derrière elle, terrorisée à l'idée que n'importe qui pourrait finalement y entrer à insu, n'importe quand. Puis, suivant le conseil de Nimedhel, elle essaya de penser à autre chose, se disant que cette fête serait le meilleur moyen pour elle de se changer les idées.

C'est le regard amusé de celui-ci lorsqu'il lui répondit qu'il ne savait pas d'où venait ce lapin qui y réussi le mieux. Rougissant, elle se demanda si finalement, ce n'était pas elle qui l'avait tué. Après tout, si c'était cet homme, ce Brom, Nimedhel l'aurait vu dans la grange. Ce devait donc être elle qui avait fait ça...

Je... Je ne sais pas, je me demandais si... Enfin, d'où il venait. Mais... Il est peut être mort de... de la main d'Aristote, qui l'aurait puni de s'être enfui, peut-être.

Puis, pour changer de conversation, voyant bien qu'elle était en train de s'embrouiller, elle se tourna vers Brom.

Alors messire, racontez moi ! Qui êtes vous ? Que faites vous à Nevers ?

Elle retint cependant sa dernière question, celle dont la réponse l'aurait pourtant le plus intéressé... Que faisiez-vous chez moi ?...

Mais celui-ci n'eut pas le temps de répondre, puisqu'ils arrivaient déjà à l'endroit où la fête se déroulait.

Brom

Aie .. la question qu'il redoutait ... et bien sûr il n'avait pas de réponse toute faite, pas d'histoire inventée pour cacher son passé. Bon, que faire maintenant ? Lui dire de but en blanc : je suis un ancien briguand et tueur à gage quand l'occasion se présentait, à la retraite ? tout cela sur le ton naturel qui lui sierait, en se curant machinalement les ongles ? non ... trop radical et d'ailleurs ça ne ferait que l'enfoncer.

Je m'appelle Brom, se contenta-il de répéter obstinément.

Puis se rendant compte qu'évidemment ça ne suffirait pas à éteindre la curiosité de la demoiselle il ajouta

Je pense que qui je suis exactement ne vous intéressera pas. Je suis un simple vagabon désormais et je parcours les routes ici et là. Je raconte des histoires, des contes et autres aventures, dans certains villages pour gagner de quoi me nourrir.

Bili

Après s'être prosternée devant Antoine, Bili avait perdu Nimedhel des yeux. Elle n'en tint pas tellement compte dans un premier temps, mais quand elle vit qu'Antoine avait choisi dans la foule quelques rares personnes qui ne le vénéraient pas pour leur couper la tête, elle commença à s'inquiéter : elle avait pu apercevoir que Nimedhel n'avait pas esquissé le moindre geste à l'arrivée du maire, et se demanda soudainement s'il pouvait faire partie du groupe...

C'est donc avec un immense soulagement qu'elle le vit revenir vers elle.

Eh bien, vous étiez où ? Je vous ai cherché partout, j'ai même eu peur que... Enfin, vous êtes là !

Puis, voyant qu'il regardait d'une manière insistante vers Antoine, elle lui demanda :

Vous voulez que je vous présente à notre maire ?

Nimedhel

Il fut tiré de ses reflexions par la voix de Bilichilde qui le fit sursauter

Non ça ira merci, je le connais déjà trop.
Mais dites moi, c'est quoi tout ça...toute cette...vénération ?? Connaissant mon frère je doute que Thoronalag ait accepté ça.

Il se mordit les lèvres, il n'aurait pas du parler de Thoronalag à Bilichilde qui essayait d'en faire le deuil tant bien que mal. D'ailleurs lui aussi resentait un pincement au coeur quand il parlait de son frère

Bili

Pendant un court instant, elle sourit à ses propos. Visiblement, tout cette mise en scène, partie d'un jeu ridicule de campagne municipale intrigait vraiment les étrangers !

Mais le sourire ne fut qu'un instant sur son visage, remplacé aussitôt par une expression d'étonnement.

Thoronalag ? Votre....

Mais pourquoi ne pas lui avoir dit plus tôt ? Pourquoi lui avoir caché cela ? Pourquoi lui avoir laissé croire qu'il était seulement son ami, et pas son frère depuis tout ce temps ?...

Mais... Ce n'est pas possible... Il ne m'avait jamais dit cela, jamais dit qu'il avait un frère...

Et pourtant... Ses traits, qui l'avaient déjà frappée, ses yeux d'une couleur si proche... Sa surprise lorsqu'elle l'avait découvert sans son déguisement de vieillard... Tout concordait, c'était certainement vrai, ce ne pouvait être que vrai.

Ce n'est pas possible...

Abasourdie par ce qu'elle venait d'apprendre, la jeune femme s'éloigna de quelques pas, s'arrêta et se retourna pour le regarder.

Pas possible..., se murmura-t-elle pour elle même, avant de reprendre son chemin vers le buffet. Là, elle se servit une pleine chopine de bière, qu'elle vida aussitôt, puis se retourna vers l'estrade depuis laquelle Kiki venait d'annoncer le début des votes.

Antoine

Antoine rit profondemment aux paroles d'Arabelle, si bien que quelques miliciens regardaient la jeune femme d'un air étrange...

" Héhé... heureux de savoir tout celà ma chère, mais j'ai bien peur de ne pouvoir vérifier une fois fait sur chaque personne! "

Il sourit largement puis leva les yeux au ciel en pensant à la réponse de Siaam.
Le médecin reprit son souffle puis décida d'aller avec tout le monde se joindre au buffet pour manger pendant la pose qu'occasionnait le vote. Il demanda aux miliciens de se reposer un peu et d'arrêter de le surveiller car personne ne lui voulait du mal!
C'est alors qu'il vit avec stupéfaction Bilichilde vider d'un trait sa chope de bière. Il fronça les sourcils puis s'approcha doucement afin de poser sa main sur son épaule

" Et bien ma chère Bili, que vaut l'honneur à cette chopine d'avoir été bue d'un trait? Est-ce que vous prenez de mauvaises habitudes ou est-ce à cause d'un tout autre sujet? "

Il voulait lui sourire, mais visiblement Bilichilde adoptait un bien étrange visage, légèrement palichon en plus!
Il la regarda alors droit dans les yeux puis soupira

" Quelque chose te trotte dans la tête ma chère? Si tel est le cas, j'aimerais pouvoir t'aider car au vue de cette fête, ce qui est important est ton sourire! "

Bili

La jeune femme sursauta en sentant la pression d'une main sur son épaule. Que voulait-il encore ? Une autre nouvelle comme celle-là ? Pas possible... Après cela, il ne pouvait y avoir autre chose à avouer. Peut-être alors allait-il lui dire que... que Natascha était sa soeur tiens ! Leur soeur à tous les deux, de par le fait !

Persuadée que c'était Nimedhel qui l'avait suivie, elle se retourna d'un seul geste.

Vous avez...

Sa phrase en suspend, elle avait vu que l'homme qui lui tenait l'épaule n'était pas celui qu'elle croyait, et il lui fallut plusieurs secondes pour le reconnaître. Elle l'écouta d'un air vague, à peine consciente des efforts qu'il faisait pour la faire sourire. Eludant la plaisanterie à propos de la chopine qu'elle venait de boire, elle essaya de répondre à ses questions le plus calmement possible. Toutes ces histoires n'avaient rien à faire ici, dans une fête de village.

Ce qui me trotte dans la tête ? C'est... trois fois rien, ne t'en fais pas... Je... J'ai un peu de mal à choisir pour qui je vais voter, je ne suis pas arrivée au début de la fête... C'est tout.

Puis, elle essaya tant bien que mal à lui sourire, mais l'expression sur son visage ressemblait bien plus à une grimace. Embarrassée par le regard d'Antoine posée sur elle, elle se retourna vers la table, et se resservit une seconde chope.

Nimedhel

Quel imbécile !! Comment avait-il pu lui annoncer ça comme cela ?? Il s'en voulait terriblement, il avait prévu de le lui dire, plus tard quand elle serait prête...ou jamais.

D'un autre côté, il ne l'aurait peut être jamais dit. Il se retourna et la vit, visiblement très troublée par cette révélation, qui discutait avec le maire.
Est-ce qu'elle lui en voulait tant que ça ? Après tout cela ne changeait rien, il avait promis qu'il resterait à Nevers pour l'aider et la protéger. Mais voudrait-elle encore de lui après ce mensonge ?

Après un moment il se dirigea vers elle alors qu'elle se servait à boire. Lorsqu'il fut près d'elle, il ne sut quoi lui dire...

Je suis désolé que vous ayez appris ça comme ça, mais après tout c'est mieux que vous le sachiez, et ça ne change rien, je tiendrai ma promesse.

Lui même doutait que cela ne changerait rien, mais il devait regagner sa confiance, ou trahir la promesse faite à son frère.

Bili

Elle le regarda bêtement, pendant un instant, sa chope à la main.

Puis, l'évidence. Il fallait qu'il lui dise tout, tout ce qu'il savait, qu'il n'y ai plus rien de caché pour elle. Apprendre au compte goutte des choses aussi importantes que cela, elle avait déjà donné. Et avec son frère en plus ! Ce n'était donc guère étonnant qu'ils soient de la même familles, trop de points commun entre eux...

Alors elle se planta devant lui, son regard perçant fixé dans ses yeux, attitude qu'elle n'avait que très rarement, pour ne pas dire jamais.

Vous devez bien avoir autre chose à m'apprendre... Une autre nouvelle du genre que vous aviez prévu de me cacher jusqu'à ce que vous trouviez bon qu'il faille me l'annoncer ? Alors profitez-en, c'est le moment ! Dites moi tout ! Dites moi ce que vous voulez, je suis prête à tout entendre. Tout et n'importe quoi... Si cette... Natascha... est votre soeur, par exemple, dites le moi ! Mais dites le moi maintenant !

Sentant ses forces s'affaisser, elle baissa le regard. Mais, pour ne pas lui donner l'impression qu'elle n'était pas assez forte, elle se donna une contenance en buvant sa chope, puis releva la tête vers lui, les yeux brillants.

Profitez-en, c'est le moment !

Zoiseau

Toujours perchée sur sa branche, Zoiseau avait tout vu : les gens qui montaient sur une estrade, et poussaient des cris du diable, d'autres qui se promenaient avec des fouets... D'autres encore qui s'agenouillaient et répétaient tous la même chose...

Elle avait beau les observer, elle ne comprenait pas le but de cette réunion. Elle se demandait toujours ce qu'ils pouvaient bien chercher, puisque, pour ce petit animal, les seules actions utiles étaient celles où l'on cherchait quelque chose. Alors elle cherchait... Ce qu'ils cherchaient.

Mais rien ! Il n'y avait rien à voir là dedans ! Rien d'intéressant, rien de ce qu'elle cherchait... Rien qui pourrait plaire à une petite mésange. Alors, fatiguée, pressée de retrouver son nid bien chaud, puisque fait de poils de mouton, elle s'apprêta à prendre son envol, lorsqu'elle fut aveuglée par une lumière.

Intriguée, elle s'approcha de la table du buffet, d'où venait l'agression, et se posa dessus. Alors elle compris d'où la lumière venait : une chope vide que Bili reposait sur la table. Heureuse de sa découverte, elle sautilla jusqu'au verre, ravie de ce qu'elle venait de trouver.

Tchip ! Tchip !

Un fond de liquide dans la chope. Il restait un fond de liquide dans la chope ! Voilà ce qu'elle cherchait ! Elle l'avait enfin trouvé ! Même si jusque là elle ne savait pas exactement ce qu'elle espérait trouver, elle savait maintenant que son but ultime de la journée, c'était ce liquide, au fond de la chope. Et coûte que coûte, par tous les moyens possibles et inimaginables, elle trouverait comment se l'approprier.

Il fallait commencer par faire renverser la chope, trop fine pour la contenir entièrement en train de boire. Dans un premier temps, elle essaya de la pousser du bec, mais la force du bec d'une mésange ne représente rien face au poids d'une chope en verre... Alors, rapidement se mit en place un plan : il fallait entrer dans la chope, et pousser de tout son poids vers un des côtés pour la faire tomber.

Tchip ! Tchip !

Quelques battements d'ailes, et la mésange était sur le bord de la chope. Un regard de chaque côté, tel un enfant qui allait commettre une bêtise, qui le savait, mais qui savait aussi que cela allait être follement amusant, et elle plongea dans le verre... Pour y rester bloquée...

Nimedhel

Bien sûr il aurait du lui dire plus vite, bien il comprenait qu'elle lui en veule. Son attitude le supris, mais il était ravis qu'elle puisse se montrer forte, et aller au devant des problèmes. Tout en gardant son regard dans le sien.

Oui, vous avez raison...je...je vais tout vous dire...

Non, pas ça, il n'avait pas le droit !! Cette femme venait de perdre son mari, Thoronalag son frère, et essayait d'en faire le deuil malgré les mennaces de mort que pesaient sur elle.

Il n'avait pas le droit de lui dire ça, de lui mettre un autre poids sur les épaules. Il n'avait pas le droit.

Mais malgré tout, c'était la vérité, même s'il ne voulait pas, même si c'était impossible, c'était la vérité. Et puis il lui avait promis de tout lui dire, il devait le faire.


Ecoutez Bili, je sais que vous avez bien assez de problèmes, que vous êtes la femme de mon frère et qu'il est mort, je sais que je ne devrai peut être pas vous le dire...


Il prit un profonde inspiration

Et sachez que si vous voulez que je sorte de votre vie, si vous ne voulez plus me voir, et bien je le comprendrai très bien et je partirai, mais...

Je vous aime Bilichilde...